
Par Naïma Yachir
Dans cet entretien, la professeure Saliha Mahiou nous apporte son éclairage sur la paralysie cérébrale de l’enfant qui, selon les spécialistes, représente la première cause de déficience motrice du sujet. Elle explique aussi que «plus la pathologie est prise en charge précocement, plus on évite les complications».
Soirmagazine : En octobre dernier, lors de votre 8e congrès national, vous avez été élue présidente de la Samer. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs les buts et les objectifs de votre société ?
Professeure Saliha Mahiou : La Samer (Société algérienne de médecine physique et réadaptation) est une société savante. Elle représente un cadre adéquat de concertation entre des personnes pratiquant une même spécialité ou en rapport avec elle. Dans ce sens, son rôle est d’initier, encourager et promouvoir des études dans la spécialité. C’est un espace démocratique de propositions, de recommandations et de consensus dans la discipline. Les objectifs de la Samer sont la promotion et le développement de la spécialité dans le cadre de la formation continue, l’amélioration des connaissances dans le domaine de la spécialité avec la participation d’experts en la matière. Il faut préciser par ailleurs que notre société organise chaque année son congrès national.
Pouvez-vous nous parler de la problématique de la paralysie cérébrale chez l’enfant ?
La paralysie cérébrale de l’enfant représente, selon les auteurs, la 1re cause de déficience motrice de l’enfant. Elle peut concerner 2-3/1000 naissances/par an. Cette année, nous avons dépassé le million de naissances, nous serons donc appelés à prendre en charge dans les mois à venir 2000 à 3000 enfants présentant une paralysie cérébrale et cela chaque année. Notre but c’est de prendre en charge ces enfants le plus précocement possible afin d’éviter les complications liées à cette pathologie et d’aider à leur réinsertion.
Notre approche clinique et thérapeutique par rapport à la prise en charge de ces enfants a évolué ces dernières années. L’intérêt du congrès qui s’est déroulé en octobre dernier était justement de faire un état des lieux de la prise en charge de ces enfants, d’une part, et d’effectuer une remise à niveau des compétences, d’autre part.
Comment peut-on diagnostiquer cette maladie ?
Des examens systématiques sont pratiqués sur les enfants «risque» comme les prématurés, les bébés ayant un faible poids à la naissance ou encore les asphyxies néonatales… Au-delà de la naissance, l’identification de la lésion cérébrale se fait par la découverte de retard dans le développement des nouveaux-nés. Des anomalies dans le développement psychomotricien font suspecter la paralysie cérébrale. Il s’agit de difficultés dans le développement de la motricité, par exemple l’enfant ne tient pas sa tête, ne peut pas ramper en s’aidant des membres inférieurs, tarde à se tenir assis seul, n’utilise qu’une seule main… Ces difficultés justifient un examen plus approfondi.
Qu’en est-il de la prise en charge en Algérie ?
La prise en charge commence d’abord par la prévention des facteurs de risque, à savoir un suivi de grossesse surtout quand il s’agit de primipares, ensuite assurer un bon déroulement des accouchements et aussi de veiller à la vaccination des mères, notamment contre la rubéole. Par la suite, il est impératif de repérer les enfants à risque pour un suivi particulier. Il est important également d’entamer rapidement la prise en charge pour limiter les anomalies secondaires inhérentes à la pathologie d’une part et favoriser un développement psychomoteur le plus harmonieux possible, d’autre part. Cette prise en charge se fait par une équipe pluridisciplinaire composée de soignants, kinésithérapeutes, psychomotriciens, ergothérapeutes, psychologues, orthophonistes et appareilleurs. Ce travail d’équipe est coordonné par le médecin physique et de réadaptation qui fixe les objectifs après une évaluation fonctionnelle.
S’occuper d’un enfant paralysé cérébral n’est pas chose aisée. Quelle est la contribution des parents et leur éducation dans sa prise en charge ?
La prise en charge de ces enfants dès lors que l’enfant n’est pas réinséré se doit d’être ad vitam æternam. Les résultats sont souvent en deçà de l’espérance des parents, ce qui crée un sentiment de rejet et un nomadisme médical. C’est là où certains «professionnels» entrent en jeu en faisant des promesses irréalisables. Il est donc nécessaire d’informer, d’éduquer les parents, et enfin de les soutenir par des mesures sociales.
Campus
MPR : le site numérique francophone du Collège des Enseignants de Médecine Physique et Réadaptation (
MPR) développé avec le soutien de l’UNF3S et de l’Université Claude Bernard Lyon 1.
www.campus-mpr.univ-lyon1.fr
cher(es) collègue (s)
la zone membre est un espace qui vous est ouvert, on vous invite à vous inscrire (ou à renouveler votre inscription).
- on compte la rendre un espace d’échange d’expérience, de savoir , mais surtout un espace interactif où vous pouvez laisser vos contributions, commentaires …